Conférence: Victor Hugo & Louise Michel

DE MAÎTRE À DISCIPLE ?

Présentée par Mme. Claude Rétat – Directice de recherche au CNRS

27.10 | 19.30: Mersch – Centre national de littérature

28.10 | 19.30: Vianden – Ancien Cinéma Café Club

 

Claude Rétat est directrice de recherche au CNRS (Sorbonne Université-CNRS) et spécialiste de la littérature du XIXe siècle. Outre ses travaux sur le romantisme (Hugo, Michelet) et sur l’histoire des idées, elle fait apparaître sous un nouveau jour l’œuvre et la figure de Louise Michel. Elle a publié plusieurs essais (Art vaincra ! Louise Michel, l’artiste en révolution et le dégoût du politique, 2019, L’Anarchie au prétoire, 2022) et de nombreuses éditions critiques des écrits de la révolutionnaire, dont une large part était encore inédite.

« Victor Hugo, Louise Michel : de maître à disciple ? »

En 1925, scoop dans la presse pour l’anniversaire de la Commune de Paris (18 mars 1871) : le journaliste Gustave Simon révèle la correspondance de la jeune Louise Michel avec Victor Hugo. Ils ont une génération d’écart, il est né en 1802, elle est née en 1830. Hugo, c’est son idole, littéraire, politique, aussi son confident, l’ami et le mentor qu’elle se choisit. De là une relation jamais interrompue. Viro major (« Plus grande qu’un homme » ou « Plus grande que l’homme »), c’est le poème que Victor Hugo consacre à la communarde qui vient de passer en conseil de guerre et d’y être condamnée à la déportation (décembre 1871), après avoir tout fait pour s’entremettre en sa faveur. Déportée en Nouvelle-Calédonie, Louise Michel raconte qu’elle grave les vers de Hugo dans la roche, face à la mer et à la tempête. Des vers de Châtiments, au peuple, pour qu’il ressurgisse de la mort : « Lazare ! Lazare ! Lazare ! Lève-toi ».

Le dialogue Victor Hugo – Louise Michel va largement au-delà de l’épisode de jeunesse ou du document biographique.

Toute l’œuvre de Louise Michel se ressent de la présence hugolienne, la cultive et dialogue avec elle, — mais aussi l’infléchit, la métabolise et la métamorphose. De Hugo elle tire un mot d’ordre : « Harmodius, c’est l’heure »… mais ce mot ne sonne pas la même heure chez Louise Michel. L’œuvre de l’écrivaine, considérable (poèmes, nouvelles, romans, drames, légendes…), accompagne intimement son œuvre d’action. Cette romantique n’est pas une femme de théorie : abstraire n’a pas prise sur le monde, mais la littérature oui. Mobiliser les mots, les images, les rythmes, c’est, avec Hugo et au-delà, actionner les esprits et les corps, saper l’état de fait par le « rêve », préparer le changement du monde, société et nature.

 

RÉSERVATION: musee@victor-hugo.lu

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