Stéphane HESSEL en viste à Luxembourg, au Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster, le 3 octobre 2011

C’est le directeur du CCRN, Claude Frisoni, également président des Amis de la Maison de Victor Hugo à Vianden, qui a présenté l’invité par les mots de bienvenue suivants:

Cher Stéphane Hessel

Je voudrais vous exprimer les trois sentiments que m’inspirent votre présence ce soir: la fierté, la joie et l’émotion.

Tout d’abord, une grande fierté pour notre institution. En effet, à l’invitation du Comité pour une paix juste au Proche Orient, c’est la deuxième fois, que vous nous honorez de votre visite. La première fois, c’était il y a un an, presque jour pour jour, le 23 septembre 2010, soit un peu moins d’un mois avant la parution d’Indignez-vous!.

Ensuite, une immense joie. Car depuis sa première édition, Indignez-vous! a rencontré plus de trois millions de lecteurs. Avec ce phénomène éditorial sans précédent, votre voix a été entendue bien au-delà des espérances les plus folles. Preuve qu’aujourd’hui comme hier, un livre, des idées, un écrit, un cri, un message, un appel, peuvent rencontrer un large écho. Comme en d’autres temps le «Criez et que l’on crie» de Voltaire, le Manifeste de Victor Hugo pour les Juifs de Russie, le «J’accuse» de Zola, l’Appel du 18 juin du Général De Gaulle ou la Déclaration de Robert Schuman ont fait date et contribué à alerter les consciences.

Une profonde émotion enfin. En effet, comment ne pas penser, dans cette ancienne prison où de milliers de Luxembourgeois ont eu à subir l’horreur de la barbarie nazie, à ceux qui par leur courage, leur détermination, leur foi en l’homme et leur refus de l’inacceptable, ont œuvré à reconstruire un monde détruit par la folie meurtrière des tenants de l’intolérance, du totalitarisme, du racisme, Leur véritable héroïsme, plus encore que le courage de dire non aura été la témérité de dire oui. Non au fascisme, mais oui à la construction d’une Europe Unie et pacifiste, non à la soumission mais oui à la réconciliation, non à l’obscurantisme sectaire mais oui à l’avenir, non au fatalisme mais oui à l’espoir.

Cette maison est un symbole de cette magnifique audace. Elle a abrité le pire, elle œuvre aujourd’hui au meilleur. La création artistique, le débat d’idées, le dialogue des cultures.

C’est en cela que son destin ressemble au vôtre. Au sortir de la pire tragédie de l’histoire, après avoir combattu et souffert, vous vous êtres engagé à tirer les leçons de l’horreur et à mener le plus difficile des combats, celui de la paix et du progrès.

Victor Hugo disait: »La guerre, c’est la guerre des hommes. La paix, c’est la guerre des idées». On peut la mener sans violence et sans haine, c’est ce à quoi vous avez consacré votre existence. On peut devenir acteur de sa vie et peser sur la réalité, être citoyen et indigné, citoyen et engagé, citoyen et responsable, en suivant votre exemple.

Il y a peu, je lisais, dans la petite maison de Vianden où le réfugié Victor Hugo a rédigé L’Année Terrible, cette simple phrase: «Quel roman que ma vie». Quel roman que la vôtre, dont vous avez, par l’action et la réflexion, été le héros actif. Et même si vous expliquiez la semaine dernière, au Journal Jeune Afrique, combien les remerciements des lecteurs d’Indignez-vous!, vous imposaient une nouvelle et lourde responsabilité, je me permettrais de vous dire merci.

Merci pour ce que vous avez fait. Merci pour ce que vous faites. Merci pour ce que vous êtes. Merci surtout, pour ce que vous nous incitez à être et à faire.

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